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En 2016, Jean-Pierre SAUVAGE est récompensé par le Prix Nobel de Chimie pour avoir imaginé et créé, avec son équipe, des molécules de synthèse capables de se mettre en mouvement.
Ses liens avec Haguenau
« Je me souviens parfaitement de cette longue période passée à Haguenau ». Longue, car Jean-Pierre SAUVAGE, a déménagé une quinzaine de fois, lié à la carrière de son père d’adoption, militaire à l’époque. « Je crois pouvoir dire que de mon enfance à mon adolescence, c’est ici que je suis resté le plus longtemps, je me suis fait beaucoup d’amis au lycée ». Jean-Pierre SAUVAGE était en effet scolarisé au Lycée d’Etat de garçons de Haguenau, devenu aujourd’hui le lycée Robert Schuman. Il était interne et se souvient parfaitement des promenades du jeudi après-midi allant du centre-ville à la gare.
Aujourd’hui, Jean-Pierre SAUVAGE détient le Prix Nobel de Chimie 2016
Comment est née cette passion ?
« Je me souviens, lorsque j’avais 16 ans, j’adorais séparer les produits naturels sur papier ».
Du fait de nombreux déménagements, Jean-Pierre SAUVAGE a effectué une scolarité un peu chaotique, comme il le dit, « une formation accélérée pour devenir adaptable ». Il avait un niveau moyen au collège mais son entrée au lycée et son arrivée à Haguenau furent un déclic. « En seconde je suis devenu bon, et parmi les meilleurs à partir de la 1ère ». Inutile de vous dire que les notes excellentes de M. SAUVAGE ont été obtenues en mathématiques, chimie et sciences naturelles. Et pourtant en terminale, sa carrière n’était pas encore dessinée. Il suit sa scolarité dans une Classe Préparatoire des Grandes Ecoles de Chimie du lycée Kléber de Strasbourg « j’étais très bon en mathématiques et bien meilleur que dans les autres matières ; J’aimais la chimie mais sans plus ». L’école de Chimie de Strasbourg et la préparation de son DEA lui ouvrira les yeux. C’est à ce moment-là qu’il commence à travailler sur sa thèse (de 1968 à 1971) au laboratoire avec comme directeur Jean-Marie LEHN, qui obtient le Prix Nobel en 1987.
Il est relaté que vos recherches sont un espoir pour la médecine. Pourriez-vous nous expliquer ?
« Parmi les Prix Nobel il y en a qui ont fait des avancées dans des domaines fondamentaux qui ont très vite été appliquées. Beaucoup d’autres qui ont défriché un domaine purement scientifique ont vu leurs applications mises en œuvre 20-30 voire 40 ans après !
La science fondamentale, donc les découvertes fondamentales, sont à l’origine de toutes les applications. Il n’y a pas une application technologique qu’on utilise aujourd’hui dans notre vie courante qui ne provienne pas d’une découverte fondamentale faite y a 10 ans, 20 ans ou 30 ans avant.
C’est une défense affichée de la science fondamentale que la plupart des scientifiques partagent avec moi. Alors bien sûr, on s’intéresse aussi aux applications qui peuvent découler de nos travaux, c’est bien évident, mais on ne peut rien PROMETTRE. Je pourrais m’enorgueillir dans 20 ans lorsque les machines moléculaires seront utilisées en nanomédecine. Il va encore se passer un certain temps avant que ces machines ne soient utilisées dans le domaine médical.
Des gens y travaillent actuellement et espèrent voir des machines moléculaires capables de transporter des molécules à effet thérapeutique dans les organismes et à les libérer, les déplacer à un endroit souhaité (à proximité d’une cellule maligne, d’un virus par exemple). Cela parait assez réaliste à long terme. »
Le Prix Nobel c’est un travail d’équipe
« Sans équipe, pas de Prix Nobel ». Le laboratoire de M. SAUVAGE compte en moyenne 20 personnes : professeurs, directeurs, chargés de recherches au CNRS, des étudiants de thèse, des chercheurs post-doc étrangers, du personnel administratif et technique. L’ensemble de ces personnes a travaillé sur plusieurs projets. Celui lié aux machines moléculaires représentera approximativement la moitié de leurs activités et l’engagement de 10 personnes pendant 30 ans.
30 ans de recherche passionnantes
Jean-Pierre SAUVAGE explique que lorsqu’un projet démarre, il y a une certaine excitation. Une recherche, un projet est signe d’avancées et de modifications constantes. L’équipe se doit de réorienter le projet, suivre les extensions existantes. « C’est une ramification permanente qui requiert de l’équipe une grande souplesse ». 30 ans de recherche c’est avant tout de la nouveauté sans cesse, c’est être à l’affût et ne pas s’enfermer dans son domaine : à l’affût de nouveaux domaines éventuels, de nouveaux projets.
Clés de la réussite d’un chercheur
- La grande souplesse : être à l’affût : penser 24h / 24h aux projets que l’on pourrait démarrer : S’ADAPTER
- La confiance, ne pas avoir peur, croire en soit pour se lancer dans un domaine que l’on connait mal sans trop douter : OSER
- L’échange avec les gens : à l’intérieur d’une équipe, on raconte, on communique tout le temps, on écoute les autres. Les idées proviennent des échanges et discussions à l’intérieur de l’équipe mais également avec des chercheurs extérieurs : OUVERTURE D’ESPRIT
Quand vient l’annonce du Prix Nobel
La Fondation Nobel envoie des lettres aux scientifiques de renom afin de recommander un grand chercheur. « Je supposais que j’étais sur des listes, c’est à dire pressenti, car certains collègues m’ont dit qu’ils me soutenaient, mais je n’y croyais pas du tout ». « C’est toi le prochain que je soutiens (en anglais)» a-t-il entendu à plusieurs reprises. Ce qui prouve que l’on croit en lui, qu’il est soutenu dans le monde. « Cela ne suffit pas pour se convaincre que l’on va obtenir le Prix. Ce fût une grande surprise. »
La Prix Nobel a changé ma mission
« Depuis 2-3 ans, je n’ai plus de laboratoire de recherche, j’avais 70 ans et je souhaitais faire des conférences, écrire des articles. J’avais une vie raisonnable et depuis le Prix Nobel ce n’est plus raisonnable. Je dis souvent pour plaisanter que depuis je me dirigeais tranquillement vers la semaine des 35h après avoir connu celle des 70h. J’y étais presque arrivé et « BING » depuis le Prix Nobel je retrouve mes horaires d’avant mais je ne m’en plains pas.
Je me considère aujourd’hui comme un ambassadeur, promoteur de la science. On acquiert une notoriété indiscutable avec le Prix Nobel et ça permet d’avoir un discours plus écouté, d’intéresser toutes sortes d’institutions ou de personnes, ce qui permet de rencontrer des lycéens et leurs professeurs. Un assez grand nombre de classes de lycée et même de collège, accompagnées de leurs professeurs, sont venues à mon institut pour discuter, interagir avec moi etc… »
Découvrez sa carrière professionnelle
2009 à ce jour : Professeur émérite (Université de Strasbourg)
2009-2010 : professeur invité à l’Université de Zurich
2010-2012 : Professeur invité à l’Université Northwestern
1979 ~ 2009 CNRS Directeur de la recherche
1981 ~ 1984 Professeur universitaire
1971 ~ 1979 Attaché puis Chargé de recherche du CNRS
Jean-Pierre SAUVAGE en quelques chiffres
Plus de 500 publications entre 1969 et décembre 2014
Plus de 600 conférences et séminaires lors de rencontres internationales ou françaises, dans les universités et dans les centres de recherche industriels ou gouvernementaux
« Pour tout vous avouer, lorsqu’on obtient le Prix Nobel, les gens qui vous présentent oublient souvent les autres prix »
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