En tête à tête avec Eric NOLL, médecin anesthésiste-réanimateur
Attaché à Haguenau, où il y a grandi et vécu depuis l’âge de 3 ans, il revient aujourd’hui avec HTR sur son parcours
Quel métier exercez-vous ?
Je suis Anesthésiste-Réanimateur, c’est-à-dire un médecin qui soigne les patients en situation critique du fait d’une opération chirurgicale, d’une maladie ou d’un accident par exemple. Notre profession s’exerce au bloc opératoire et en réanimation/soins intensifs au sein d’une équipe d’infirmières spécialisées, de médecins et de chirurgiens. C’est un travail passionnant qui fait aisément dépasser les contraintes et donne beaucoup de sens à sa vie professionnelle. Beaucoup de nos patients et des soignants de l’équipe partagent mes attaches Haguenoviennes, j’ai plaisir à échanger avec eux sur notre ville. J’ai la chance d’exercer ce métier comme soignant aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg mais également comme Enseignant et Chercheur à l’Université de Strasbourg.
Quels sont vos liens avec Haguenau ?
Je suis né à Wissembourg, mais j’ai grandi et vécu à Haguenau depuis l’âge de 3 ans où mes parents travaillaient, ma mère comme laborantine et mon père comme médecin. J’y ai fait toute ma scolarité jusqu’au baccalauréat. A 18 ans, mes études supérieures m’ont fait partir à Lyon. Mes parents habitant toujours Haguenau, j’y reviens très régulièrement. Je me considère donc comme un enfant du pays, un sandhaas.
Pourriez-vous décrire votre parcours scolaire ?
Après l’école maternelle de Marxenhouse, l’école primaire Saint-Georges sous la houlette de sœur « Lucie » (sic), le collège Kléber, j’ai fait un baccalauréat scientifique au lycée Robert Schuman en 1999. Mes activités extrascolaires me permettaient de faire du judo, de la natation et du rugby dans les clubs de la ville.
J’avais été reçu au concours d’entrée de l’Ecole du Service de Santé des Armées que j’avais intégré en 1999 à Lyon-Bron, pour continuer mes études de médecine à Lyon Nord. En 2005, je suis revenu en Alsace pour ma spécialisation en Anesthésie-Réanimation aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. En parallèle de mes études médicales cliniques, je complétais mon parcours universitaire, tant à Lyon qu’à Strasbourg par un cursus de biologie humaine que j’ai conclu par une thèse d’Université et une Habilitation à Diriger les Recherches sous la direction des Professeurs Pierre Diemunsch et Bernard Geny. Après avoir effectué une mobilité à l’université de Stony-Brook de l’état de New-York, j’ai été nommé Professeur des Universités – Praticien Hospitalier en Anesthésie-Réanimation-Médecine Périopératoire aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg en Septembre 2020.
Dans quel domaine avez-vous passé votre doctorat ?
J’ai passé 2 doctorats, un pour mes études de médecine dont le sujet est la prévention de l’hypothermie au bloc opératoire, un autre dans le domaine des Sciences de la Vie et de la Santé au sein d’un laboratoire de la faculté de Médecine de Strasbourg dont les thématiques concernent la mitochondrie, le stress oxydant et la protection musculaire dirigé par le Professeur Bernard Geny. J’y ai participé à des travaux expérimentaux qui visent à développer nos connaissances concernant les altérations de la perfusion sanguine de certains tissus tels que le muscle squelettique ou les intestins. Ces situations se rencontrent dans certaines maladies et à l’occasion de certains actes médicaux, notamment lors des interventions chirurgicales. Les équipes du laboratoire explorent les altérations du fonctionnement de ces tissus à l’occasion des baisses de perfusion sanguine afin de développer des nouveaux traitements et des nouveaux modes de surveillance des patients, en salle d’opération par exemple
Quel est le sujet de vos recherches ?
Sous la direction de mon mentor, le Professeur Pierre Diemunsch, nous travaillons au sein du service d’Anesthésie-Réanimation-Médecine Périopéraoitre à améliorer nos connaissances concernant la détection, la prévention et le traitement des agressions corporelles qui peuvent survenir à l’occasion d’une intervention chirurgicale. Notre positionnement comme médecins-chercheurs nous permet de prolonger les travaux de laboratoires de recherche tel que celui dans lequel j’ai effectué mon cursus scientifique vers des recherches cliniques, c’est-à-dire dans les services de soins. A titre d’exemple, nous avons réalisé au sein de notre service de l’hôpital de Hautepierre, dirigé par le Professeur Julien Pottecher, la première utilisation en France d’intelligence artificielle pour prévenir la baisse de la pression artérielle des patients opérés d’intervention à haut risque.
Pour en savoir plus, HTR vous invite à visionner ce reportage Le FIGARO Live en cliquant ICI
Nous travaillons également à optimiser les soins prodigués aux patients opérés en intégrant le point de vue des patients sur leur état de santé. Ces recherches ont permis d’aboutir à des résultats intéressants et se concrétisent par la mise en place d’un programme de soins courants innovant, le programme OPTIMISTE
Pour en savoir plus, HTR vous invite à consulter la page du CHU en cliquant ICI
Certaines des innovations que nous développons sont issues de collaborations avec des entreprises de la région telle que la start up Visible Patient avec qui nous travaillons sur un algorithme de quantification des altérations pulmonaires radiologiques pour les patients souffrant d’infection COVID-19 ou après une opération. (https://www.youtube.com/watch?v=4L8PuTRdGmg).
Quel était votre rêve quand vous étiez enfant ?
J’ai toujours eu l’esprit rempli de rêves, aussi loin que je puisse me souvenir. Ils m’accompagnent dans mon parcours. Je n’ai bien sûr pas tous pu les réaliser mais je crois avoir fait beaucoup d’efforts pour qu’aucun ne se transforme en regret.
Quel est pour vous, votre souvenir le plus marquant ?
Sur le plan professionnel mon souvenir le plus marquant est probablement ma participation, au sein de l’équipe d’Anesthésie-Réanimation de l’Hôpital de Hautepierre, à l’effort incroyable mis en œuvre par les soignants pour accueillir les nombreux patients de la région nécessitants une hospitalisation en réanimation lors de l’épidémie de la covid. Je voudrais ici leur rendre hommage et témoigner de leur courage. Ce fut une période difficile où plus globalement tous les soignants et acteurs du monde de la santé se sont sublimés. J’étais particulièrement bien placé pour en témoigner car mon épouse, Mélanie, qui est Pharmacien Hospitalier, a, elle aussi, dû déployer toute son énergie pour contribuer à l’efficacité des nouvelles organisations mises en place dans l’urgence.
Souhaitez-vous partager une anecdote ou une citation ?
Partager une citation est un exercice délicat mais pourquoi pas : « L’art naît de contraintes, vit de lutte, meurt de liberté » de André Gide. La médecine s’efforce d’être une science, et c’est fondamental, mais par certains aspects c’est également un art.
Pour vous, quelles sont les clés de la réussite, les atouts requis pour réussir ?
La notion de réussite est difficile à définir et je ne crois pas pouvoir y répondre aisément. Cependant j’aimerais faire glisser ma réponse sur la notion de regrets. Il est probablement utile de s’efforcer à agir et de s’organiser, notamment sur le plan scolaire, de manière à ne pas avoir de regrets quant aux résultats. C’est ce que mon épouse Mélanie, et moi essayons d’enseigner à nos enfants Alexandre, Lucie et Claire.
Quelques mots pour « Haguenau, Terre de Réussites » :
De par son tissu scolaire, ses multiples possibilités d’activité extra-scolaires, sa culture, ses langues, son écosystème, sa géographie, le territoire de Haguenau est un formidable creuset pour grandir et se préparer à une vie d’adulte épanouie et riche d’opportunités. Je voudrais remercier l’association « Haguenau, Terre de Réussites » pour m’avoir fait découvrir tous ces exemples de parcours admirables dans des domaines très variés. Bravo et merci à tous ceux qui rendent cela possible.
Que pouvons-nous vous souhaiter pour le futur ?
J’espère pouvoir poursuivre mes actions au service de nos patients, de nos étudiants et de mes proches le plus sereinement et le plus efficacement possible