Charlotte HERTZOG

Plongeon de haut vol (High dive) – Equipe de France

Quels sont vos liens avec Haguenau ?

Depuis que je suis née, j’habite à Haguenau. J’y ai fait mes étude et j’ai pratiqué pendant plus de 13 ans de la gymnastique. J’ai été scolarisée à l’école primaire de Marienthal, au collège des Missions Africaines puis au lycée Robert Schuman.

Je suis également engagée pour aider cette belle ville ainsi que ses habitants. En effet, je suis sapeur pompier volontaire depuis 2016 à Haguenau. D’octobre à mars j’effectue des gardes, je dors là bas souvent. En cette période je m’entraîne et passe mon temps à la caserne

Comment est née cette passion ?

J’ai tout d’abord débuté la gym jusqu’en 6ème puis j’ai repris au lycée jusqu’à mes 21 ans. Après près de 13 années de gymnastique à l’Union de Haguenau, j’avais besoin de trouver un sport un peu moins traumatisant physiquement pour moi. J’ai alors découvert le plongeon lors des études en STAPS (j’ai d’ailleurs obtenu mon master), qui mélangeait le côté artistique que l’on retrouve en gymnastique, sans le côté traumatisant que je ressentais dans cette discipline. Du moins c’est ce que je pensais au début.

Au début, j’ai commencé le plongeon en loisir (une fois par semaine), mais mon passé de gymnaste m’a permis de progresser très vite, et j’ai surtout trouvé tellement de plaisir dans la pratique de ce sport, que j’en voulais plus. Puis, j’ai découvert les spectacles de plongeons et j’ai décidé d’en faire mon métier après seulement 3 mois de pratique à 3 mètres.

Désormais, je consacre ma vie au plongeon, puisqu’en plus d’être une passion c’est devenu mon métier.

Encore une fois, je voulais voir jusqu’où j’étais capable d’aller et j’ai décidé de monter au fur et à mesure la hauteur de mes plongeons. Ironie du sort, je précise que j’ai le vertige ! Un an après avoir commencé les spectacles, je me retrouve à 20 mètres de hauteur pour mon premier saut. Depuis, je n’ai plus arrêté, je me suis lancée dans les compétitions internationales et je ne cesse de vouloir apprendre, progresser, découvrir et dépasser mes limites.

Je m’entraine tous les jours environ 25 à 30h par semaine. D’octobre à mars comme je le disais avant j’exerce le métier de sapeur-pompier volontaire et à partir du mois de mars je travaille pour la compagnie Vertical Limit Event. Nous faisons des spectacles de plongeon. A partir du mois de mars je serai donc au Parc Asterix.

Quelle est votre plus grande satisfaction ?

Ma plus grande satisfaction est avant tout personnelle. Je vous le disais avant : j’ai le vertige ! et c’est une fierté pour moi de sauter de 20 mètres et de surpasser mes peurs.

Dépasser chaque jour mes limites physiques et mentales pour me permettre d’aller plus loin

Je n’étais pas du tout destinée à faire du sport de haut niveau et la vie ainsi que mon travail m’ont offert ce cadeau. A 27 ans, intégrer une équipe nationale pour des compétitions internationales est rare.

Ma plus grande satisfaction est également d’être un pilier de ce sport en France puisque je suis la première femme française à participer à des compétitions internationales de High Dive.

Je suis la première championne nationale dans ce sport et j’espère qu’il ne cessera de progresser en France pour motiver grand nombre d’athlètes.

On se sent comment avant le saut et après ?

J’ai forcement peur… il y a du stress mais aussi beaucoup de brouhaha (le public, le vent…). Et à ce moment là la concentration prend le dessus sur la peur, sur le vertige. Je suis focus sur mes mouvements, sur l’aspect technique. Et là le saut… et le passage dans ce calme immense de l’eau

le saut c’est passer de ce brouhaha au calme en une fraction de seconde

Quel est votre prochain objectif ?

Il n’y aura malheureusement pas de plongeon aux Jeux 2028.

Le premier objectif de 2024 est de réparer correctement ma blessure (fracture du sacrum) afin de remonter à 20 mètres en pleine forme et en toute sécurité. S’en suivra ensuite des compétitions internationales en fonction de la date à laquelle je serais rétablie.

Je prévois de m’engager dans des compétitions internationales à des hauteurs basses (10 mètres) en attendant de pouvoir retourner à 20 mètres. J’aurais alors une compétition à 10 mètres début mars à Eindhoven (Pays-Bas)

Dans le monde il y a environ 40 femmes qui exercent cette discipline et nous sommes 2 en France

Quel est pour vous votre souvenir le plus marquant ?

J’ai deux souvenirs positifs marquants qui sont très liés.

• La première fois où j’ai du monter plus haut que 3 mètres. Je devais monter à 8 mètres pour simplement sauter. J’étais bloquée sur la plateforme pendant 1 heure ! mais je l’ai fait !
• Et mon premier plongeon à 20 mètres. Je me sentais incapable de réaliser cela. Je pars de rien, et un an seulement après avoir commencé, je me retrouve là à 20 mètres de haut ce qui était impensable pour moi auparavant

Dans un sport aussi technique et impressionnant, j’ai malheureusement aussi un souvenir négatif. En 2023, deux jours avant de réaliser mon objectif primordial : la coupe du monde, je me casse le sacrum lors d’un plongeon de 20 mètres en entrainement. Je décide de ne rien dire et de participer quand même à la compétition. En plus de la déception du résultat et la douleur inqualifiable, c’est surtout le mental qui en prend un coup. J’avais perdu toute confiance en moi et en mes capacités. Un rêve transformé en cauchemar. Aujourd’hui encore je suis en rétablissement physique et me reconstruit mentalement pour remonter à 20 mètres.

Je souhaite de me rétablir enfin et de continuer à prendre du plaisir dans le plongeon afin de vous faire vibrer sur les plus hautes hauteurs aux quatre coins du monde

Souhaitez-vous partager une anecdote ?

C’est plus un message que j’aimerais partager. Celui de croire en ses rêves et qu’il faut se battre tous les jours pour les réaliser. Rien n’a jamais été facile dans mon parcours mais j’ai réussi à réaliser mon rêve en dépassant mes limites. Il faut croire en soi, en ses capacités, et surtout se donner les moyens d’y arriver. Avec du travail acharné on peut tout réaliser, il faut de la volonté, de la passion et ne se fixer aucune limite pour atteindre ses rêves.

Quelles sont vos autres passions ?

Je suis depuis 8 ans, sapeur pompier volontaire à Haguenau. J’essaye de donner le maximum de mon temps, entre les entrainements et les déplacements en compétitions.

Et j’aime aussi surtout profiter des moments avec ma famille et mes amis lorsque je suis rentrée à la maison

Quelques mots pour « Haguenau, Terre de Réussites » ?

Simplement deux mots : MERCI et BRAVO pour le soutien et la mise en avant de tous ces talents. En tant qu’athlète on ressent une réelle implication et intérêt de la part de la Ville et de l’association. Je suis fière de pouvoir faire partie des athlètes de haut niveau de Haguenau et de pouvoir représenter ma ville à travers le monde.