Pierre MARTIN

Ingénieur IA, inventeur

Vous pouvez nous parler de votre parcours 

Depuis que je suis aux USA, je suis devenu l’un des membres fondateurs du Xbox Cloud Gaming, puis j’ai créé la plateforme Amazon Vidéo Live, où j’imagine que certains d’entre vous y regardent la Ligue 1 ou bien Roland Garros.

J’y ai ensuite fondé la startup Beacon, une plateforme logistique vouée à aider les grands groupes à réduire les temps d’acheminement, les coûts et (très important !), réduire les émissions carbone des chaines d’approvisionnement. En 3 ans, l’entreprise s’est agrandie de plusieurs centaines de personnes et compte désormais des investisseurs notables, comme les PDGs et fondateurs d’Amazon, Google et Uber.

En 2022, je rejoins Neo où je parraine et accompagne les plus jeunes pousses de la Silicon Valley dans le lancement de leur invention, particulièrement dans l’IA en partenariat avec Microsoft et OpenAI.

Depuis un an, je m’attache à développer ma seconde startup : Gavel. Elle a pour mission d’offrir un accès équitable à la Justice en rendant le droit universellement accessible en ligne dans plus de 30 pays. De mon point de vue c’est une nécessité pour garantir un des fondements des démocraties modernes alors que les iniquités s’accélèrent.

Comment est née cette passion ?

Cela a été un procédé de plusieurs décennies, qui ne s’arrête jamais d’ailleurs. Cela doit provenir de ma très grande curiosité et de ma passion pour les mathématiques. Je dois au passage, remercier M. NOUVIER qui a accompagné tant d’élèves dans l’apprentissage de mathématiques dès le CP. En primaire, je participais à des olympiades de mathématiques où j’ai représenté l’école Saint-Georges en finale internationale à Paris, parmi une cinquantaine d’autres élèves de 10-11 ans.

Mais ma vraie passion, c’est d’essayer de comprendre comment les choses marchent au fond, de les décomposer, puis de créer quelque chose de nouveau avec les parties. Mes grands-parents nous avaient légué beaucoup de mécanos, nous y passions des heures. Cela a très certainement eu un effet formateur.

Jeune homme, cette curiosité me donne l’envie de continuer des études poussées en sciences. J’y retrouve le même plaisir d’invention, mais comme avec les mécanos, ma passion de créer de vrais produits se confirme. Je rejoins donc Xbox, puis Amazon, où j’apprends à créer des plateformes technologiques au succès indéniable auprès des plus grands spécialistes, avant d’avoir le courage de me lancer par moi-même. Avec un peu de recul, peut-être la quarantaine, et un peu d’idéalisme, je me rends aussi compte du besoin de créer des produits profondément utiles à la société. Les réseaux et l’IA ont la promesse inhérente d’un monde plus équitable en mettant connaissances, compétences et ressources accessibles à la portée de tous.

Mais en pratique, cela requiert de la planification et de la dédication.

Quels sont vos liens avec Haguenau ?

J’ai grandi à Haguenau de l’âge de 5 à 18 ans. J’ai été scolarisé à l’école maternelle Françoise Dolto et à l’école élémentaire Saint Georges. J’étais un membre très actif du Haguenau Tennis Club, où j’étais entraîneur licencié de 1999 à 2003. Petite anecdote au passage : Emmanuel ROY, l’entraineur actuel, était l’un de mes élèves de 8-10 ans, le plus doué ! J’y jouais dans l’équipe homme avec le père de Albano Olivetti d’ailleurs et je faisais des concours d’Ace avec Albano déjà à l’époque.

Je suis ensuite parti à Strasbourg pour commencer mes études, puis en école d’ingénieur à Paris, avant qu’un doctorat en physique et science informatique ne m’amène aux Etats-Unis où j’y habite depuis 2005.

Je visite toujours Haguenau plusieurs fois par an car mes parents et ma famille y habitent encore. Je prends beaucoup de plaisir à revenir.

Quelle est votre plus grande satisfaction ?

De pouvoir voir mes produits dans les mains de tous, et de voir leur impact. Et puis de pouvoir passer mes connaissances et transmettre ma passion à la nouvelle génération.

Quel est pour vous, un des souvenirs le plus marquant ?

Hormis évidement la naissance de nos deux enfants et d’avoir rencontré ma femme, les souvenirs les plus marquants sont ceux d’avoir vu certains de mes produits être utilisés en masse. Voir les queues de gens attendant l’ouverture des magasins pour acheter une Xbox après avoir passé des années à travailler sur le projet en toute confidentialité a été très marquant. Plus récemment, lire les lettres de remerciements de familles à faibles revenus qui ont reçu une assistance juridique leur garantissant un foyer et des aides grâce à l’IA que nous avons développée à Gavel m’apporte un optimisme quotidien sur le rôle sociétal de l’intelligence artificielle.

Souhaitez vous nous partager une anecdote ou une citation  ?

Il faut être très naïf pour être un entrepreneur, ça permet d’ignorer tous les risques et de se lancer.

Un exemple frappant a été le lancement d’Amazon Video Live. Le principe de base était d’étendre le catalogue de vidéos à des évènements sportifs en direct. L’orchestration de la première diffusion a été entièrement faite par les développeurs, moi à la tête. Au premier arrêt de jeu, je réalise à la dernière seconde que je dois dire à mon collègue de lancer la pub. Le lendemain je mets une offre d’emploi pour trouver quelqu’un qui va coordonner tout ça. Et là, se présentent les techniciens de la chaine de TV locale ! Nous venions enfin de comprendre que nous avions créé une nouvelle chaîne de télévision, quasiment par accident !

Quelles sont vos autres passions ?

Je reste le plus sportif possible, particulièrement avec les sports de montagne et le tennis. Je n’ai pas encore abandonné mes ambitions de tennisman. Plus sérieusement, je trouve que le processus d’entrainement et d’amélioration constante que je trouve dans le sport est très appréciable à titre professionnel également

Vous avez un rêve ?

De pouvoir développer des nouvelles technologies aux côtés de Bill Gates et Steve Jobs. Pour Gates (et Bezos), c’est fait, mais je n’ai pas eu le plaisir de rencontrer Jobs. Prix de consolation, je travaille avec le créateur de l’iPhone sur des projets d’encadrement des nouvelles pousses de la Silicon Valley.

Quelques mots pour « Haguenau, Terre de Réussites » ?

Un mot pour les jeunes haguenoviens : ayez le courage de vous lancer dans vos projets ! Vous entendrez toujours des gens vous démontrer  pourquoi vos ambitions les plus folles ne tiendront pas la route, mais il n’y a au fond qu’une seule personne à convaincre de vous lancer, et c’est vous-même. Les bonnes idées, même vagues, finissent toujours par s’affiner au fil de l’aventure et à mesure que vous rencontrez d’autres personnes qui partagent votre passion. Le monde à besoin de plus de créateurs, pourquoi pas vous ?